Fago.sepia — Ep
Fago.Sepia
avance à petits pas. A tel point qu’après un premier album constitué de
six titres - “L’Âme Sûre Ruse Mal” sorti en 2006 - on attendait des
Rennais qu’ils embrayent assez rapidement sur un format plus long. Et
bien non! Il aura même fallu attendre trois ans pour les voir remettre
le couvert à l’occasion d’un split partagé avec les Japonais de Low
Pass, puis avec cet Ep uniquement disponible en vinyl.Toujours post rock, toujours jazz aussi,
Fago.Sepia ne laisse entendre
aucune baisse de régime, se plait encore à balancer avec la plus grande
liberté quelques riffs bien sentis ou accords puissants (”Treize”),
comme il laisse régulièrement dévaler des cascades rythmiques
saisissantes que Miguel Constantino, producteur de plus en plus présent
sur la scène française, s’est parfaitement chargé de mettre en valeur.
Fidèle à sa technique tout en fuyant définitivement les affres d’une
musique cérébrale et élitiste (”Douze”), le quatuor transforme ces
trois titres en autant d’actes totalement imprévisibles, qui avancent à
vue sans qu’on sache véritablement ou ils vont s’éteindre. A la manière
de ses éternelles influences, car il reste difficile de ne pas penser
ici aux derniers disques de Karaté, quand Geoff Farina préfèrait
l’elasticité du jazz à la rugosité du rock. Mais pas de confusion
possible : Fago Sepia semble déploier beaucoup plus de force et d’idées
pour ne pas se présenter en simple copie de ses aînés. Si ce n’est pas
encore évident ici, aucun doute qu’un prochain véritable album finira
d’installer ce groupe parmi les plus intéressants du paysage musical
hexagonal.
En attendant, procurez vous ce magnifique avant
goût...
Mowno
Moitié d'un split sorti au
Japon avec le groupe Low-Pass, cette face d'un vinyle grave sur disque
l'immensité qu'avait fait entendre récemment sur scène fago sepia.
Cette immensité, c'est le supplément d'âme apporté par le nouveau
batteur et qui dynamite littéralement la musique. Mais aussi la
perfection sonore à laquelle parvient le groupe, mélange de virtuosité
et de sens mélodique. On entend ainsi tout ce qui fait le propre du
math-rock (les changements de rythme, les cassures, les riffs
techniques, etc.) et quelque chose de plus. C'est qu'ici le genre ne
précède pas l'espèce. fago sepia s'approprie un genre comme certains se
donnent un cadre dans lequel peindre. Il s'agit d'une ligne de
conduite, une exigence, une règle qu'on se fixe librement. Changer,
toujours changer. Il ne s'agit pas d'une contrainte qui nie
l'individualité. Au contraire, elle la révèle.
En jouant du math-rock, fago sepia a en quelque sorte trouvé le
meilleur moyen de ne pas en jouer, de s'amuser avec ses codes, sans les
réinventer. Ce n'est pas ce qui compte le plus. En se réinventant
soi-même à chaque changement. C'est bien plus important. Treize, onze,
douze. Ils savent compter. Nous aussi.
À quand quatorze, quinze, etc. ad inf. ?
Dmute
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PRESS
Sincabeza est mort (décapité) ? Vive Fago Sepia
! Aucun membre commun à noter entre les deux formations, mais des
directions musicales qui commencent par se chevaucher et finissent par
se confondre au moment de l’edit sur passage avant fin ou montée
d’instrument.
Vous l’avez compris, on parle ici d'une frange
très particulière de l’instru-post-rock-matheux : la pas chiante.
Des choses, il s’en passe, du mouvement, il y en a, des idées, ça en
regorge.
Certes, Fago Sepia ne s’étouffera jamais par excès d’originalité,
certes, on aimerait parfois que ces trois morceaux portant des nombres
à deux chiffres comme titre* soient un peu moins bien fagotés, certes,
on ne rechignerait pas à ce que Fago Sepia transforme ses courses
échevelées en rodéos ou corridas pour un peu plus de pression sur
l’entrejambe, mais les deux guitares font décidément du bon boulot,
oublient de se répéter ou de se perdre et amènent l’auditeur dans des
recoins qui font parfois se mordre les lèvres aux jazzeux confirmés qui
savent apprécier à leur juste valeur les phrases interminables.
Bonne note aussi pour la batterie, qui n’est
jamais à la traîne et qui porte ces trois titres avec quelques
roulements qui font la différence aux bons moments, ceux qui nous font
penser à nous, les blasés, qu’on a déjà entendu ça 150 fois.
Ces trois titres ont été pressés sur une face de 12’’ par Aposiopèse et
ils sont également sortis sur un split cd avec les japonais de Low-Pass.
Ce maxi contient les Treize, Onze et Douze. À
moins qu’ils n’aient un humour tordu, on peut imaginer qu’ils
numérotent leurs morceaux à la façon de New Brutalism, dans l’ordre
croissant.
8/10. Bil.
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